28minutes pris en flagrant déni d’initiés
L’émission 28minutes pris en flagrant déni d’initié !
Retour sur l’émission 28minutes qui recevait »Pablo Servigne » le 1er décembre 2020 pour la promotion d’une œuvre collective AUX ORIGINES DE LA CATASTROPHE , pourquoi en sommes-nous arrivés là ? . Où l’on parle un peu rapidement de l’effondrement de notre civilisation, dans un concentré d’infos et une entrevue flashée en flagrant déni d’initié !
Ou pourquoi ces petits concentrés sur le journalisme commence à poser un sérieux problème.
Le problème du journaliste animateur télévisuel, c’est le temps, il n’a plus le temps de faire son travail correctement ; il faut aller vite, on est plus là pour se poser des questions et réfléchir, mais pour coller des étiquettes. C’est le deal, on vient vendre son bouquin à la TV et elle, en échange, elle va tenter de coller dessus des étiquettes pour que le téléspectateur s’y retrouve dans son grand magasin de l’information prédigéré. Et si au passage elle peut aussi coller des étiquettes à l’auteur, elle ne va pas se priver.
Dés la première question très orientée, après une présentation qui ne l’était pas moins, on sentait un avis impressionné, donc emprunt à l’émotionnel plus qu’au rationnel tout en feignant la neutralité :
On a l’impression à voir votre trajectoire, Pablo Servigne, que vous quittez… Que vous avez tourné le dos à la science pour vous rapprocher d’une forme de spiritualité, voir de chamanisme ?
Mais qu’est-ce que c’est que cette question surchargée d’insinuations ? Est-ce qu’on n’essayerait pas de discréditer le parcours du biologiste pour lui coller une nouvelle étiquette de gourou de secte apocalyptique par hasard ?
J’ai l’impression que sur le plateau, personne n’a lu les ouvrages cités, le choix des mots « spiritualité » sans parler d’écopsychologie voir de « chamanisme » montre à quel point nous avons à faire au mieux à des amateurs, au pire à des professionnels mal éclairés de l’étiquetage médiatique ?
Je pensais qu’a 28minutes on maitrisait a minima les sujets. Calmement, Pablo répond, il met des mots qu’ils ont visiblement du mal a réutiliser, puis vient la seconde question qui ne fait jamais honneur au journaliste :
…/… Comment résumeriez vous LA cause de l’effondrement ?
On sent bien, ici, la volonté journalistique de simplifier au maximum le problème, de le réduire a une seule cause, « allez emballer, c’est pesé ! » l’envie de le résumer à un seul mot. Pourquoi les journalistes à tendance réductionniste veulent toujours avoir ce vulgaire rôle de simplificateur ?
Parce que c’est plus facile pour coller des étiquettes ! Comme des magasiniers !
Et là, la réponse de monsieur Servigne :
…/… tout est lié…
Et il poursuit dans le genre »nous sommes tous la machine qui nous auto-détruisons ». C’était exactement la réponse réductrice qui va bien à ce genre d’émissions, car on l’on est pas là pour développer, mais pour vendre une idée, enfin surtout le bouquin ! Mais va coller une étiquette là dessus ! Bravo Pablo !
S’en suit LA question de Claude, que je vous la met ici sans aucun filtre, parce qu’elle vaut sont pesant de technoptimisme-utopique digne des anales de collapsologie et j’espère bien qu’on y reviendras :Le fait que des Laboratoires, des start-ups soutenus par des états parfois, aient trouvés très rapidement des vaccins contre la covid-19, est-ce que cela ne montre pas que, finalement, l’être humain, les scientifiques sont capables de résilience, d’inventions et que nous savons avec les outils traditionnels sauver l’espèce ?
(Personnellement j’ai adoré les outils traditionnels à base de pétrochimie éternelle de chez Claude)Pablo démarre une réponse, il est coupé, on change de sujet pour zapper sur l’ARN messager du vaccin. Et oui ! Parce que c’est çà qui a l’air d’intéresser Claude, la réponse, il en a rien à faire, ce qu’il veut savoir, c’est si la performance technique impressionne Pablo, auquel cas ce n’est pas un vrai biologiste (et hop je te colle une étiquette dans le dos) . Mais Pablo est un pro, pour l’étiquetage « Biologiste » Claude devra réviser ses catégories, puis il lui fait une piqûre de rappel au passage sur le temps long de la science, et ce « progrès » un peu trop rapide, voilà Claude vacciné !
Enfin, pour la légitimer ce genre d’exercice et raccrocher le téléspectateur avant qu’il s’endorme on dégaine le traditionnel Sondage !
On nous l’annonce inédit et la journaliste trouve même ces réponses déconcertantes sans se rendre compte une seule seconde, mais pas une, de l’évidence de la réponse !
Je n’en veux pas à Pablo, d’avoir loupé le coche pour lui répondre, parce qu’il est dans le bain, que çà mousse de tous les côtés, et que les questions sont faites pour le déstabiliser depuis le début, que çà sent encore le traquenard et que moi, je suis tranquille en observateur alors que lui, il est l’acteur dans la situation, et je ne voudrais pas qu’il s’en veuille non plus, il est d’abord surpris de la réponse des sondés, c’est fait pour le surprendre et le prendre de cours, un traquenard de magasinier vous dis-je !
C’est la façon dont est présenté le sondage qui est pour le moins déconcertant !
L’environnent, le climat, la biodiversité tout çà passe au sixième rang des préoccupations des sondés » dans 30 pays parmi lesquels figurent les plus émetteur de Co² » derrière :
2-Le cout de la vie
3-Le Chômage
4-Le système de Santé
5-La pauvreté et les inégalités
6-L’environement
Le pire la conclusion des sondeurs :
Un tiers des sondés des citoyens n’associent pas le changement climatique à l’activité humaine !
Et pour achever son invité arrive la question amplifiée d’un caractère humanitaire :
Qu’est-ce que vous dites à ce tiers de l’humanité qui considère qu’il n’y est pour rien dans cette catastrophe annoncée ?
Pablo est sonné, il lâche un « Whaou ! », puis la journaliste ajoute :
7% pense même que le réchauffement n’existe pas !
Pablo se défend, on lâche sur le plateau « de plus en plus de médias en parle » puis on passe à la convention citoyenne française, et des mesures contournés par l’exécutif.
Pablo rappelle que la seule voie c’est d’aller vers plus de démocratie
et il est remercié.
Ma Conclusion :
Ce que montre le sondage, l’évidence, c’est que les sondés répondent comme ils ont été impressionnés par les médias, ce sont eux les médias qui fabriquent l’opinion. Depuis presque un an, ils nous relayent les messages anxiogènes sur le coronavirus donc il est logique de le retrouver en tête de gondole.
Le contraire aurait été déconcertant ! Si l’environnement est en sixième position des préoccupations, c’est que les médias ne prennent pas le sujet assez au sérieux. La meilleure preuve, c’est qu’ils ne sont même pas capable de s’en rendre comptes !
Là, est le flagrant déni d’initié.
Pathétique, même 28 minutes n’est pas foutu de faire 28 minutes sur LE sujet qui devrait être en tête des préoccupations des journalistes !
Je suis désolé pour Pablo , c’est tout juste si on ne lui a pas reproché de pas en faire assez dans son boulot de lanceur d’alertes . Alors que cette émission prouve sondage à l’appuie , que les journalistes n’en parlent pas assez, qu’ils n’ont pas compris la hiérarchie des problèmes.
Le fait même que les journalistes de 28minutes ne se rendent pas compte qu’ils sont , et de loin les premiers responsables de la prise de conscience , donne encore raison aux discours de Pierre Bourdieu sur la TV notamment par cette conclusion sur l’un de ces passages à l’antenne :
On ne peut pas critiquer la télévision à la télévision parce que les dispositifs de la télévision s’imposent même aux émissions de critique du petit écran.
(https://www.monde-diplomatique.fr/1996/04/BOURDIEU/5425)Bref, tant que la TV ne sera pas capable d’autocritique à l’antenne son pouvoir de censure resteras un de nos plus gros problèmes.